Rideau Silence

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Je brise l’œuf solitude

son jaune est bleu

comme un soleil sonore

de mes doigts j’étale cet éclat

sur la toile du jour

et j’entre ainsi vêtue dans le musée intime où

je suis parfois seule spectatrice

Au mur, j’attends mon double:

par un mètre sur un mètre trente,

je porte l’étourdissant

pastel de nos cœurs

Chuchotement soyeux,

au ciel le plafond voit bleu

Ma sœur quand descendras-tu

te mesurer à moi?

**** (car)

Tu vis sous un autre soleil

un ciel de moi inconnu

où brille le bizarre

Ses rayons aux doigts longs

crochus fourchus griffus

me tâtent puis me happent.

Saunier de la nuit, tu récoles les rêves

**** (enfin)

Sommeil d’un siècle à mes trousses,

aisselles ruisselantes,

j’ai dormi toutes vos nuits.

Avez-vous vu passer les légions du songe?

 

 

 

 

 

Le déluge

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Avoir pied

sur tout ce que nous avons perdu, avoir pied:

l’espoir à la crinière souple,

l’insouciance pommettes saillantes,

nos jours rouges,

l’amour aux boucles rousses, sa source furieuse.

Sur tout ce que nous avons perdu, avoir pied

et regagner la terre ferme la terre offerte,

le rythme frénétique du vivre, l’urgence de la nuit

et au milieu de tout ce que nous avons piétiné, exulter

 

 

 

Conte obscur

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Mes vies d’hiver

dans des housses patientes

repassées par l’attente

Le cœur en naphtaline.

A l’avenir les bourrasques à fenêtre

me guettent

L’horizon est un faux pli, je repasserai demain.

****

ô ma reine reine

morte parmi les mortes

je n’entends plus jaser l’été

Effondrement des colonies

haute haute haute mortalité*

****

Je regarde au-dehors et fixe toute

l’obscurité intérieure

Nuit, tu es nuit à nouveau

lune vieille de ma veille,

nuit à nouveau

laisse ta suie sur ma peau,

l’empreinte de ton soir

comme un pas aux paupières multiples,

grand oeil clignant d’extase

 

*et moi les bras ballants, les ailes lasses